Il m'est arrivé une drôle d'histoire hier, sans aucun rapport avec ma vie à Copenhague. J'ai été plagié. Un ami qui par des connaissances a la possibilité de faire un stage chez Google dans la Silicon Valley, a voulu créer un blog pour montrer à ses recruteurs son intérêt pour le web 2.0. Le seul hic dans l'histoire, c'est que son blog construit en une nuit ressemblait étrangement à mon blog photo. Même mise en page, même articles avec les mêmes photos et textes. A quelques minutes près, si je n'étais pas intervenue en poussant une énorme beuglante (ce qui n'est pas très dur à imaginer), mon "travail" aurait été envoyé au siège Google avec un autre nom. Intérressant non ?
Ca y est j'ai commencé mon petit boulot de baby-sitter. Je garde un bébé de 8 mois. Cela s'est relativement bien passé. Il n'a juste vomi que deux fois sur moi et ne m'a pissé dessus seulement qu'une fois, au moment où je lui nettoyais ses fesses pleines de caca. J'ai toujours du mal à comprendre comment on peut trouver les bébés, qui ne sont pas les siens, mignons.
Jeudi, j'ai mon premier rendez-vous avec une étudiante danoise qui souhaite améliorer son (très bon) niveau en français. Je vais enfin être payer pour ce que je sais faire le mieux: papoter.
A la une cette semaine, « J’ai testé la Copenhagen
Fashion Week et un match de la coupe de l’UEFA au Parken Stadium de
København ». Le seul point commun entre ces deux évènements étant mon
statut de novice. Dans les deux cas, et c’est aussi valable pour le Sommet
Climatique, l’idée de participer à ces temps forts ne m’aurait jamais traversé
l’esprit s’ils s’étaient déroulés à Paris. C’est un peu ça la magie d’Erasmus,
profiter au maximum de chaque instant présent et expérimenter le plus de choses
car le temps de l’échange n’est pas éternel.
La Copenhagen Fashion Week s’est déroulée entre le 10 et le
14 février. Au programme comme pour les autres Fashion Week dans le monde, des
défilés, des concerts, des expositions et bien entendu une tonne de soirées. J’ai
participé à la « I am Dior party » organisé en collaboration avec
l’agence de mannequinat Elite au dernier étage du magasin Illum, l’équivalent
de nos Galeries Lafayette. L’évènement étant considéré comme secondaire pour
les professionnels de la mode, contrairement à Paris, New York et Milan, il est
tout à fait possible de s’y rendre sans être sur la liste de telle personne qui
connaît telle personne. Un seul petit clic sur le site de la soirée suffit pour
s’enregistrer et figurer sur la liste des invités. J’ai du me creuser la tête
pour sortir de nulle part une tenue correcte. Je n’allais quand même pas
débarquer en Doc Martens en milieu de ces créatures de rêves. Hop, direction
H&M. J’en ricanais d’avance à la seule pensée de toutes ces nénettes griffées
de la tête aux pieds. Consternation en rentrant me changer, mon collocataire et
ses amis y vont en jeans. Bon et bien puisque c’est comme ça, je mets mon
manteau, à savoir un manteau taille homme, offert par la ville de Copenhague
aux bénévoles qui ont participé au bon déroulement du Sommet Climatique. En
d’autres mots, un manteau pour videurs bien entendu trois fois trop grands.
Dans la queue, j’ai l’air chic. J’ai aussi sorti les guêtres en laine
par-dessus les collants et les chaussures à talons. Ah bon, vous ne saviez pas
que c’est à la mode à Paris ? Remarque, je suis bien contente, il fait un
froid à s’en couper le souffle et nous attendons plus d’une heure et demi
dehors. Dans la queue, il y a beaucoup
d’étudiants étrangers, des filles sur leur 31 qui rêvent d’évoluer dans le
milieu de la mode et des hommes qui rêvent de rentrer ce soir-là avec un
mannequin sous le bras. Les vraies top-modèles elles, ne font pas la queue. Ce
n’est pas très difficile pour les videurs de faire la distinction. Je ne sais
pas comment elles font pour se balader à moitié à poil par ce temps-là. Un
métier en soi. Beaucoup de gens se font reconduire après des heures passées à
attendre. J’admire le calme scandinave. Aucun ne proteste. De notre côté, nous
avons déjà prévu notre argumentation. « Camille Petersen le it-blog de la mode
parisienne, vous connaissez ? ». Je me retrouve pousser à l’avant
lorsque nous arrivons à proximité des videurs « ça passera mieux si toi la
seule fille tu es devant et nous derrière ». « Et mes cocos, vous
rigolez, vous avez vu mon manteau d’éboueuse ? ». Mais ça marche, je
ne sais pas trop comment. Ironie du sort, alors que tout le monde se fait
reconduire dehors,à l’intérieur, c’est quasiment vide. Le lieu n’a rien
d’extraordinaire si ce n’est ses balcons avec une vue sur la principale artère
commerçante de la ville. Des danseuses professionnelles se trémoussent sur les
podiums. C’est envahi de vieux professionnels pervers et d’étudiants gays. Les
filles elles sont toutes magnifiques. C’est limite difficile de faire son
choix, elles sont toutes pareilles. Celles qui se distinguent du lot, les
top-modèles, les vraies, sont dans un état lamentable, le nez plongé dans la
paume de main du voisin, en train de renifler. Le moment qui vaut peut être le
détour est le passage aux toilettes. Quinze paires d’yeux qui te reluquent
immédiatement de la tête aux pieds à peine rentrée dedans et s’empressent de
faire des messe-basses à leurs voisines. Quelle bande de p*******. Faire
abstraction de ses préjugées est très dur. C’est absolument comme je
l’imaginais. La sécurité passe son temps à faire des allers retours dans les
toilettes pour rappeler à tout ce joli monde que l’usage de drogues dures est
prohibé. Je reste avec Mel toute la soirée, la personne qui a pris toute cette
série de photos. Nous nous approchons du carré VIP où nous assistons de loin à
notre premier spectacle de strip-tease chic, du burlesque. Juste pour notre ami
le lecteur, pour le préserver de tout choc, j’ai décidé de ne publier aucune
photo de cet instant. Nous retrouvons un peu plus tard dans la soirée, mon
colocataire et un de ses potes, accompagnés d’une Groenlandaise. Oui, vous avez
bien lu, une vraie de vraie en chair et en os, du Groenland. Adorable et
complètement délurée. Je cite juste ce passage car je ne pense pas de sitôt
rencontrer de nouveau un(e) citoyen(ne) du grand Nord. Je m’éclipse un peu
avant l’aube. J’en ai assez vu, j’ai de quoi vous écrire un article.
Une semaine après, changement de décor, direction le match
F.C København vs. L’Olympique de Marseille dans le nord de la ville au Parken
Stadium. C’était prévu depuis longtemps. C’est l’occasion d’assister pour la
première fois de ma vie à un match de foot tout en aillant une pensée pour mon
grand-père marseillais qui ne rate pas un seul match de son équipe préféré.
C’est folklorique à sa manière. Le terrain n’a pas eu le temps de dégeler,
certaines parties sont encore recouvertes d’un léger manteau blanc. Des blocs
de glace en haut du stade, se détachent avec la chaleur et viennent s’écrouler
sur la tête des supporters. Parfois on évite l’accident de peu. Je suis pour
l’équipe qui tire du côté du terrain le plus proche de ma place. C'est-à-dire
les deux en fonction de la première ou de la deuxième partie du match. Sinon je
ne vois rien, ce qui n’est pas très distrayant. Je n’arrête pas de poser des
questions débiles sur le foot à Vincent qui m’accompagne. Mais je
l’impressionne, je connais la règle du hors-jeu ! Ca manque un peu
d’ambiance. Il n’y a pas de filets entre les gradins et le terrain car une fois
de plus, le supporter danois est de manière générale civilisé. Devant nous, il
y a de jeunes supporters suédois qui ont fait exprès le déplacement depuis la
région de Malmø pour soutenir…l’OM. Incroyable non ? Score final 3.1 pour
Marseille, avec un supporter qui traverse le terrain brandissant le drapeau
algérien avant de se faire démolir par les vigiles. Nous rentrons chez nous, le
corps complètement congelé. Plus de 2 heures complètement passif dans le froid.
Une expérience en soi.
Le retour à Copenhague a été un peu rude pour le thermostat
corporel qui s’est heurté à une baisse de 40°C de la température ambiante. Adieu les
chaleurs moites indonésiennes et les pluies tropicales. Ici, le pays n’a pas
connu un hiver aussi enneigé depuis vingt-trois ans. Les lacs sont glacés. Les enfants se baladent dans les
rues de la capitale en combinaison de ski, leurs patins à glace sur les
épaules. Mais dans l’ensemble, les gens en ont marre. La neige s’est
transformée en gadoue. J’entends certains amis râlaient car ils en sont à la
énième paire de chaussures qu’ils jettent. Et moi qui adorait gambader dans la
neige avec mes grosses Doc Martens, mon cache-oreille, ma grosse écharpe en
laine et mon sac à dos Haglöfs « so Scandinavian », j’ai arrêté de
faire la maline le jour où je me suis retrouvée sous une tempête de neige, fiévreuse,
portant 3 sacs remplies de bouquins neufs et de courses alimentaires, le métro
à l’arrêt le temps de déblayer les voies et le bus qui ne marquait pas la halte
à ma station en raison de travaux. Du folklo j’en voulais, j’en ai eu !
Comme vous le savez, j’ai changé de résidence étudiante pour
ce semestre. J’habite à présent en plein centre-ville, à une rue du célèbre
port Nyhavn. Je partage un appartement avec 6 autres personnes. Pour l’instant,
c’est un vrai fiasco, car tous les jours des gens décident de le quitter et d’autres
y emménagent. Actuellement, nous ne sommes plus que 5 : deux Français, un
Polonais, une Américaine et un Hollandais. 2 chambres étant vacantes. Dans ce
va-et-vient permanent, nous n’avons toujours pas eu le temps de faire plus
ample connaissance. Mis à part peut être avec le Français qui couche dans la
chambre voisine et dont je commence à connaître toute sa vie sexuelle. Les
cloisons étant aussi épaisses qu’un Kleenex et lui passant son temps à raconter
et commenter ses exploits sexuels au téléphone avec son « crew ».
Abominable. Je redoute le jour où il va ramener une fille.
Autre nouvelle. J'ai enfin un petit boulot. Je vais garder régulièrement un bébé de 8 mois. Cela signifie d'autres voyages en perspective.
Ce blog ne sera pas mis à jour pendant un bon mois car je me trace 3 semaines en Indonésie. Le retour à Copenhague est prévu pour le 1er février 2010. A bientôt.
Hugo est revenu me rendre visite avant les fêtes. Ce fut 5 jours passés dans un Copenhague recouvert d'un beau manteau blanc. Nous avons pas mal crapahuté dans la ville, envahie par les luges, les patins à glace et les buvettes de Grög - le "vin chaud" local à base de rhum. C'était aussi l'heure pour moi de plier bagages et d'organiser mon déménagement dans ma nouvelle résidence - avant de sauter dans un avion en direction de Paris.
Grâce à 3615 débrouille, j'ai reçu une invitation pour assister à un débat enregistré et filmé par la BBC et DR la télévision danoise. Rendez-vous donc au lieu dit, le KoncertHuset de Copenhague, nouvelle salle ultra moderne de la ville, à 13h après une lutte sans merci pour s'extraire du lit. Bon d'accord, le KoncertHuset est située juste en face de ma résidence... Mais c'était quand même dur. Sur l'invitation, les organisateurs conseillaient de ne prendre que le strict minimum nécessaire. J'arrive les mains dans les poches, un peu dégoutée de ne pas être autorisée à prendre mon appareil photo. Ca bouche à l'entrée en raison des mesures de sécurité. Je me retrouve à grelotter dehors en attendant que la file avance. Fichtre, que c'est dur. Je me demande vraiment qui seront les personnalités politiques amenées à débattre à l'intérieur. Je parie sur Nicolas Hulot. Ah, je ne vous ai pas dit, j'ai aperçu Yann Arthus Bertrand à la manifestation samedi dernier (photo à l'appui). Finalement, je parviens à franchir les étapes et une hôtesse me file mon badge. A vrai dire, le contrôle de sécurité n'était pas si drastique. Nimporte qui aurait pu rentrer sans soucis. Bien qu'ils nous aient demandé de nous présenter entre 12h et 13h, le débat est prévu à 17h. J'entraperçois une salle ouverte avec foule à l'intérieur. Je rentre. Il s'agit d'un débat entre étudiants enregistré pour la radio anglaise. Je me faufile entre les sièges et retrouve des copains flamands et américains. Le contenu du débat n'est pas très intéressant. Chacun a le droit d'intervenir. Des jeunes du monde entier sont présents. Beaucoup d'Africains anglophones ont fait le déplacement. On sent une certaine rancoeur dans leur discours. Je suis consternée par certains propos. Un Américain se lève et explique qu'il faut d'abord penser à soi, avant de penser aux autres. Une Danoise propose d'arrêter net de faire du shopping pour lutter contre le gaspillage. Heureusement, les Africains et un étudiant de Cambridge sont là pour remonter le niveau. Mais de manière générale, c'est beaucoup de grands discours sur la nature humaine et pas grand chose de concret. L'intérêt du débat est plus dans sa forme que dans son fond. Je découvre l'envers du décor d'un enregistrement radio. Là, je me rend compte à quel point c'est dur d'être présentateur radio. C'est lui le chef d'orchestre. Il court partout, donne la parole, coupe quelqu'un, fait des signes aux régisseurs, donne la parole à quelqu'un d'autre, intervient dans le débat, prend des nouvelles du monde,... Un gigantesque écran géant est relié à des ordinateurs où des journalistes s'activent. On peut suivre en direct l'ajout de commentaires, de vidéos et de photos sur les grandes plateformes du net: Youtube, Flick, Wordpress, Twitter. L'interlude finit, on se prépare à attaquer le gros morceau...en commençant par se ruer sur le buffet. Une bonne heure et demie s'écoule avant que les portes de la grande salle s'ouvre. Avec un comparse canadien rencontré quelques minutes plus tôt, je réussis à me faufiler dans les loges présidentielles. Je suis merveilleusement biens située, la rangée en dessous de celle réservée pour les personnalités. Le rideau se lève. Entrée du présentateur. Plus britannique, tu meurs. Les invités ne tardent pas trop. Mazette, ce soir il y a du people ! Une belle brochette de chefs d'Etat suédois, maldivien, australien, mexicain et sud-africain. J'aperçois dans le balcon en face ma copine mexicaine Gaby bondir d'enthousiasme à la vue de son président. Il faut bien reconnaître, Calderon a un sacré charisme. On sent aussi la grosse canaille sud-américaine qui sommeille en lui. Le débat dure une heure. Cela tourne principalement autour de la problématique pays développés/pays en voie de développement, acteurs/victimes/leurs futurs rôles. Cependant, la fatigue due à la veille commence à se faire ressentir. Oui, les premiers flocons de neige dans la ville sont tombés et forcément les premières grosses batailles de neige avec jusqu'à l'aube (enfin l'aube dans le noir...). Le fait que ce soit en anglais n'aide pas non plus. Je dois me concentrer deux fois plus que la moyenne. Le résultat, je m'endors pendant 1/3 du débat. Belle performance, filmée par la caméra qui n'arrête pas de faire des allers et venues autour du secteur où je suis assise. Je suppose qu'ils ne diffuseront aucune de ses images.
S U N D A Y A F T E R N O O N I N C O P C U L TU R E
Comme vous le savez, je me suis inscrite à autant de programmes
inimaginables et possibles, dans le seul but de vivre pleinement ce sommet et d’avoir
des choses à vous raconter. On peut dire que mon souhait a été exhaussé. En tant que bénévole, j’ai été affecté au pavillon de la
culture, au cœur d’un village interactif hissé sur le parvis de l’Hotel de
ville. Des activités orchestrées par des
artistes de tout horizon confondu se déroulent quotidiennement pour sensibiliser
les passants et éveiller en eux une prise de conscience sur la question
climatique. Hier, c’était donc activité bricolage pour les plus petits. A
partir de matériaux de récupération, l’artiste Anders Benmouyal leur a appris à
confectionner des jouets. Mon rôle dans l’histoire ? Officiellement, aider
au bon déroulement de l’activité en secondant le responsable de l’activité. Dans
les faits, rien puisque l’artiste nous a précisé qu’il n’avait pas besoin d’aide
pour le moment. J’ai donc passé ma journée à attendre que les 6 heures de
volontariat s’écoulent. Et, je peux vous dire, après coup, que 6 heures à ne
rien faire c’est trèèèèèès long. J’étais à tel point désespérée que je me suis
mise, à mon tour, à construire un bonhomme fait de matériaux à recycler, avec l’aide
de l’autre bénévole, un Américain, lui aussi consterné par le fait qu’on ne
nous demande de ne rien faire. Pour ceux qui sont intéressés mon œuvre d’art –
petit bonhomme funky tout à gauche sur la première photo – est placardé sur le
mur des célébrités du pavillon jusqu’à la fin du Sommet aux côtés des œuvres des
autres enfants. Moyenne d’âge : 6 ans… Là où ça devient intéressant, c’est
au moment du nettoyage où il a fallu redonner un peu d’ordre à l’équivalent de
Tchernobyl sur 50m². Certains m’ont conseillé d’envoyer une note au Copenhagen
Post pour dénoncer ce qui va suivre. Après avoir passé la journée à
sensibiliser des enfants sur l’effet positif du recyclage, j’ai assisté avec
consternation à un gaspillage sans précédent. Les responsables qui nous avaient demandé tout d’abord de
trier les déchets – papier d’un côté, le reste de l’autre – se sont très vite
rendus compte que l’on pouvait gagner du temps plus aisément et rentrer chez
soit plus tôt que prévu. La solution ? Arrêtons de perdre du temps à trier et jetons tout dans une unique et grande poubelle ! Tout y est passé,
y compris les colles et stylos tout neufs sans bouchons, les blocs de feuilles
blanches, les jouets crées par les enfants et même les piles qui trainaient par
là. Une attitude déplorable. Pour gagner du temps, jetons tout, même ce qui est
neuf ou réutilisable. Belle exemple pour nos enfants n’est ce pas, après avoir
tenu un discours moralisateur tout au long de cette folle semaine. J’ai donc fini
cette journée, on ne peut plus dégoutée par ce que j’ai entrevu. C’est sur, je
ne retournerai pas effectuer mon deuxième jour de bénévolat. Sur ce, j’ai
détaché mon vélo et je suis rentrée chez moi.
C'est très intéressant de se retrouver au milieu d'un événement planétaire et d'avoir la possibilité de le suivre. Cela permet en premier lieu de se forger une opinion et de prendre du recul par rapport à ce que la presse écrit. En début d'année, j'avais été un peu surprise du nombre d'étudiants étrangers qui, en découvrant que j'étais française, me demandaient comment j'avais vécu la crise des banlieues. Je me rappelle qu'à l'époque CNN diffusait les images les plus spectaculaires et choquantes, laissant croire que la France était plongée dans une sorte de guerre civile. Ce qui est marrant dans l'histoire c'est, qu'après les avoir rassuré en me moquant un peu de l'impact des médias sur eux, je me suis retrouvée dans la même situation. J'ai découvert via mon ami Kostas d'Athènes, que les émeutes grecques de l'année dernière n'avaient pas eu la même ampleur que ce que laissaient croire les médias. A vrai dire, contrairement à ce que je pensais, cela ne concernait que quelques quartiers. Cela n'empêchait en aucun cas les autres Athénois de vaguer à leurs occupations. Voilà pourquoi hier, en rentrant de la manifestation en marge du Sommet Climatique, j'ai eu plaisir à éplucher la presse française. "400 arrestations, des vitrines brisées". De ce que j'en ai vu, j'ai rarement assisté à une manifestation aussi calme et pacifique. Cela manquait limite un peu d'ambiance. Comme quoi, tout est toujours aseptisé et policé dans ce pays et ce n'est pas l'arrivée de dizaines de milliers de militants verts qui changera la donne. Quoique... En décortiquant d'autres articles de presse et en conversant avec mes colocataires, une chose a suscité mon étonnement voire l'étonnement plus général de la population danoise: le comportement de la police danoise. Qu'est ce que c'est cette histoire "d'arrestations préventives" ? Comment se fait-il qu'on est menotté des personnes agées de plus de 70 ans plus de 4h dans le froid en leur interdisant d'aller aux toilettes, ce qui les a conduit à s'uriner dessus et à perdre toute dignité ? Toutes ces histoires de bavures choquent plus profondément l'opinion danoise que le reste du monde. L'incompréhension est sur toutes les lèvres. Les "brutes danoises" comme sont décrits les policiers dans la presse, n'ont jamais un tel comportement d'ordinaire. En connaissance de cause, je n'ai jamais rencontré des policiers aussi sympatiques - à des années lumières de leurs homologues français. Alors quelle est la raison qui les pousse à agir de la sorte ? La pression sans doute et la peur. Le Danemark, petit pays de 7 millions d'habitants se retrouvent tout un coup propulsé sur la scène internationale. C'est la première fois dans leur Histoire qu'ils accueillent un évènement d'une telle importance. Le pays, si paisible et respectueux des normes de par sa culture nordique, n'a pas l'habitude de se retrouver au milieu d'un vacarme général. Voilà le contexte dans lequel se déroule le Sommet Climatique, celui d'un petit pays à la fois très fier et complètement apeuré d'accueillir en son sein les revendications de dizaine de milliers de militants verts venus sonner l'alarme quant aux questions climatiques.