Chaque voyage s’accompagne souvent de son lot d’emmerdes. Prise
d’otage à l’aéroport d’Hong-Kong suivi d’une panne généralisée de l’appareil,
nid de cafards dans ma couchette en direction d’Agra, coupure générale et
voulue des lignes téléphoniques durant plusieurs jours au Bénin, immobilisation
des trains suite aux passages d’un typhon au Vietnam,...
Mais là, je dois dire que je fais fort. Je ne suis même pas encore
partie qu’un paquet d’ennuis me tombe dessus.
Ca commence au niveau du logement à Stockholm. Chacun y va
de son idée. Pour certains louer un van et dormir dedans, pour d’autres ne tout
simplement pas dormir et faire la fête. J'ai réussi à raisonner la première
partie en expliquant que non il ne s’agit pas d’un road trip en direction de
Byron Bay. La route qui mène à Stockholm ne se localise pas entre deux
tropiques, ni ne bénéficie d’un microclimat. Nous prévoyons donc de réserver
une chambre ensemble. J’attends leur signal, tout en suivant parallèlement le
cours des chambres libres qui s’évapore au fil des jours. A 2 semaines du grand
départ, je reçois un coup de fil « C’est bon on a réservé une chambre
privée pour 4 avec 3 autres potes » (après traduction et en enlevant l’accent
catalan). « Attends, tu peux répéter ? On est 5 ! » (après
traduction et en retirant un très fort accent français et 2/3 phrases très
grossières). « Oh zut… ». Phase 1 du début des emmerdes qui s’accompagne
10 minutes plus tard en ligne de la phase 2 de la suite des emmerdes : les
hôtels sont complets.
La suite des péripéties comprend l’invitation à dormir dans
le lit de mon ami en signe de dédommagement. Le problème c’est que cet ami en
question, je l’ai vu plus de fois (très) enivré que sobre. Pour faire simple :
j’ai peur qu’il me vomisse dessus durant la nuit. Je fais donc appel à mon
réseau, à savoir mes colocataires danois. Je parviens en un temps record à
collecter tout le nécessaire de survie : un sac de couchage et un tapi de
sol. Parallèlement, mon ami et sa clique sont d’accord pour me laisser 2m² en
échange de quoi je paye le petit-déjeuner. Le problème numéro 1 est résolu.
Là intervient la puissance divine en la personne d’Alex. A
la suite d’une longue correspondance et combien passionnante sur les visas
indonésiens, je lui glisse une petite boutade sur ma situation : « C’est
le comble d’être SDF à Stockholm après avoir fréquenté la diaspora suédoise en France ».
Réponse quelques heures plus tard depuis l’autre extrémité du globe : « Attends
mais tu peux dormir chez mes parents ! ». Sur le coup mes pupilles
doublent de volume. L’idée de me décharger de pas mal d’affaires encombrantes
sur le dos et de ne pas être dépendante de 4 Espagnols qui ont prévu de rentrer
tous les jours à 6h du matin (et de ne pas visiter la ville, ça va de soit) me
parait alléchante. Quelques heures plus tard, l’affaire est conclue, je dors
chez Alex sans Alex ! Rien que d’imaginer la scène où je toque à la porte
de ses parents (maison rose s’il vous plait apparemment) avec mon sac de
routard sur le dos, « Bonjour, je suis Camille, amie de votre fils, ravie
de vous rencontrer et profondément reconnaissante », je ne peux m’empêcher
de rire intérieurement. Affaire à suivre…
La phase 3 de la suite de la continuité des emmerdes entre
en scène quelques heures après la fin de la phase 2 de la suite des emmerdes
(même pas le temps de souffler un peu !), en essayant d’imprimer les
billets de train. Tout est en suédois mais je parviens quand même à imprimer
les miens. Pour être sympa, je fais de même pour les billets de Tabita (qui m’avait
demandé de les commander car sa carte de crédit ne passait pas). Et là
catastrophe, une page s’affiche. Je traduis grâce à Google Traduction : « les
billets de train ont été annulé, vous ne pouvez les imprimer ». Comment
ai-je réussi cette manœuvre extraordinaire ? Aucune idée, je trouve déjà
incroyable qu’une option « annulation de la commande » existe dans l’onglet
« imprimer vos billets ». Quoiqu’il en soit le coup est très dur à
24h du départ…
La suite n’est qu’une succession de tentatives
vaines dans l’espoir de réparer les dégâts agrémentée par une montée en
puissance progressive de stress. Je peux maintenant arguer connaître tout le
personnel indien du centre d’appel qui se fait passer pour le personnel suédois :
Samuel Åslund, Kim Larsson, Petra Berglund, Per Lindgren et j’en passe et des
meilleurs. Dans l’impossibilité de joindre par téléphone la firme suédoise, j’ai
passé ces dernières 24 heures à taper frénétiquement sur les touches de mon
clavier. « Vous ne pouvez pas recommander un billet annulé, vous devez en
acheter un autre ». Sauf que maintenant, l’aller-retour n’est plus à 50
euros mais à 150 euros… J’ai envie de pleurer tellement je suis folle de rage
de mettre mise dans une situation pareille pour rendre service à quelqu’un. Finalement
quelques heures plus tard, la situation semble s’arranger. La compagnie propose
de me rembourser mes billets. Tout est cependant relatif, je suis persuadée d’avoir
été victime d’une bonne arnaque. La preuve en est, que je dois dorénavant
racheter un voyage pas tout à fait au même prix. Je rappelle l’intéressée (qui
pendant ce temps-là se fait son brushing et les ongles…) et on se met d’accord
pour choisir les billets les moins chers mais aux horaires les plus
contraignantes : arrivée le samedi à 23h et départ le lundi à 5h du matin.
L’affaire est presque réglée mais voilà, ma carte bancaire ne passe pas. Là je
craque, c’est nerveux. Il doit être 16h et ça fait depuis la vieille 21h que je
suis sur cette affaire. Je file donc à la borne automatique de la gare
centrale. Je découvre avec stupéfaction que les prix affichés ne sont pas du
tout les même. Maintenant ça tourne autour de 200 euros. J’en suis ravie. Je
retourne en direction de chez moi, pour essayer en vain d’activer le payement. Sur
le chemin, je passe devant un H&M. Je « trouve » un chapeau. Ma
façon a moi de me venger de m’être fait baiser par le système suédois. Après
une autre série de vaines tentatives pour activer le payement en faisant appel
aux cartes bancaires des amis, Tabita me rappelle en pleurs. Tant pis ça ne
marche pas, on prend l’option B : le bus. Je lui réserve donc son voyage
éprouvant en bus de nuit pour 70 euros. Il est 19h passé, je suis épuisée et
mes jambes ne cessent de trembler.